Perspectives 2025 : Prudence et incertitudes chez les sous-traitants automobiles européens
Un contexte économique délicat
Les sous-traitants automobiles européens font preuve d’une grande prudence à l’approche de 2025, après une année 2024 particulièrement difficile. Les équipementiers adoptent des stratégies axées sur la réduction des coûts et la restructuration afin de maintenir leur rentabilité dans un marché mondial instable.
Les prévisions pour 2025 indiquent une pression continue sur ce secteur déjà éprouvé.
Une production automobile en repli
La production automobile européenne a connu une baisse significative de 4,3% en 2024, avec 17,2 millions de véhicules produits. Malheureusement, la reprise des volumes de production ne semble pas à l’ordre du jour. Le secteur automobile est plongé à nouveau dans des incertitudes économiques alors qu’il peine à sortir d’une année compliquée. Cela se manifeste par un climat de flottement chez de nombreux acteurs de l’industrie au moment où les résultats financiers commencent à être publiés. De plus, des facteurs tels que la prévision d’une contraction de 3,5% de la production automobile en Europe, des incertitudes politiques en Allemagne et en France, ainsi que des risques de barrières douanières imposées par les États-Unis, accentuent cette précarité.
Résultats financiers décevants chez les grands équipementiers
Les chiffres financiers des différents équipementiers témoignent de cette ambiance morose. Par exemple, Forvia (anciennement Faurecia) a récemment annoncé une baisse de son chiffre d’affaires annuel de 1%, atteignant 27 milliards d’euros. Ils prévoient que 2025 sera tout aussi complexe, avec des objectifs de revenus situés entre 26,3 et 27,5 milliards d’euros. De son côté, Valeo a enregistré une réduction de son chiffre d’affaires de 2,5%, se chiffrant à 21,5 milliards d’euros, et prévoit une progression marginale en 2025.
Les difficultés économiques rencontrées par ces acteurs majeurs ne sont pas isolées. L’équipementier Akwel a également signalé une diminution de 7% de son chiffre d’affaires en 2024, avec des perspectives de baisse pour la nouvelle année. L’interruption des ventes de véhicules électriques semble être une problématique déterminante, même si de nouveaux modèles arrivent sur le marché. Des délais dans le lancement de certains projets renforcent encore l’incertitude qui pèse sur ces entreprises.
Des stratégies perturbées par la dynamique « stop and go »
Une autre tendance marquante est le retard accumulé dans le démarrage des séries de production. Les clients des équipementiers ralentissent le rythme pour mieux répondre aux dynamiques changeantes du marché, favorisant peut-être des moteurs hybrides ou à combustion interne au détriment de l’électrique. Certains responsables du secteur évoquent une dynamique de « stop and go » affectant le marché des véhicules électriques.
L’enjeu crucial de l’adaptabilité et du contenu local
Face à cette situation délicate, les entreprises doivent jongler entre les exigences d’investissements de long terme et la nécessité de s’adapter à un marché imprévisible. Ce constat est partagé par de nombreux acteurs, y compris Laurent Favre d’OPmobility, qui souligne le besoin d’un contenu local accru en Europe. Plusieurs entreprises plaident pour que les voitures vendues sur le territoire soient composées non seulement de composants assemblés en Europe mais également de pièces européennes, notamment dans un contexte où les marques chinoises cherchent à pénétrer le marché européen.
Priorité à la performance économique
Malgré ces nouvelles opportunités commerciales, l’industrie automobile européenne demeure confrontée à des défis de production. Par conséquent, les entreprises mettent l’accent sur la performance économique plutôt que sur la croissance. Elles visent à réduire leurs coûts fixes tout en améliorant leur pouvoir de fixation des prix, car les marges bénéficiaires sont sous pression. Dans une période où le volume de ventes est limité, la capacité à faire varier les prix devient critique. Cependant, pour des sociétés comme Akwel ou Delfingen, qui travaillent avec de grandes marques telles que BMW, cette flexibilité de pricing reste restreinte.
Restructurations et réduction des coûts comme réponse à la crise
En réponse à la conjoncture, les plus petites entreprises cherchent des voies de diversification, tandis que les grands groupes exploitent leur position pour maintenir leurs marges et résultats financiers. Plusieurs d’entre eux annoncent des plans de réduction des coûts, y compris des diminutions notables de leurs budgets de recherche et développement. Des restructurations s’imposent, comme le démontre le plan de Forvia prévoyant la suppression de près de 2 900 postes en Europe. Le phénomène des fermetures d’usines s’accélère également, mettant en lumière l’impact des temps difficiles sur le secteur.
Points clés concernant les défis du secteur :
- Baisse de la production automobile
- Incertitudes économiques et politiques persistantes
- Pression sur les marges bénéficiaires
- Difficultés à anticiper la dynamique du marché électrique
- Ralentissement des investissements en recherche et développement
- Restructurations fréquentes avec suppressions d’emplois
- Nécessité d’accroître le contenu local pour renforcer la compétitivité
Conclusion
Face à ces défis complexes et variés, l’industrie automobile européenne, en particulier ses équipementiers, doit faire preuve d’une agilité accrue pour naviguer dans une période marquée par l’incertitude économique et technologique. L’adaptation rapide aux évolutions du marché, l’amélioration continue de la compétitivité locale et une gestion rigoureuse des coûts apparaissent comme des conditions essentielles à la pérennité des entreprises de ce secteur en 2025.

Expert reconnu en développement économique, Benoît possède de nombreuses années d’expérience dans l’accompagnement de projets d’implantation. Sa connaissance approfondie des territoires et des opportunités de subventions fait de lui un atout inestimable pour votre réussite d’implantation.